La saga du pipeline : au cœur de Wapco, l’opérateur chinois entre le Bénin et le Niger

Paul Danongbe
Lecture : 6 min
Mohamed Bazoum en discussion avec les autorités béninoises et les représentants de l'opérateur Wapco lors de sa visite en mars 2023 au Bénin

L’opérateur chinois Wapco au cœur des tensions entre le Bénin et le Niger. Définie comme West African Oil Pipeline Company, la structure possède des entités tant au Niger qu’au Bénin. Dans les deux pays, les filiales de l’opérateur sont des branches de la China National Petroleum Corporation (CNPC), la société nationale du pétrole de Chine.

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À Agadem, au Niger, la CNPC est responsable de l’extraction du pétrole, tandis qu’à Sèmè-Kpodji, au Bénin, elle exploite le terminal permettant l’exportation du brut par voie maritime. Les deux entités ont également été impliquées dans la construction du pipeline de près de 2 000 kilomètres, pour un coût global estimé à 4,5 milliards de dollars.

En 2018, un accord a été conclu entre la société chinoise et les autorités nigériennes, prévoyant que la CNPC avance 4 milliards de dollars pour les travaux en échange de trois quarts de la future production, le quart restant revenant aux autorités nigériennes. En avril 2024, la CNPC a une fois de plus soutenu financièrement le Niger en accordant un prêt de 400 millions de dollars à la junte au pouvoir, à la recherche de financements après avoir été privée de ses ressources traditionnelles.


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Wapco, la pomme de discorde entre le Bénin et le Niger ?

Au regard des termes de l’accord signé avec l’opérateur, l’exportation du pétrole devrait également générer d’importantes recettes douanières pour le Bénin. Selon le média français, ces projets représentent d’ailleurs des perspectives économiques significatives pour les deux États, ainsi que pour Wapco qui a investi massivement dans ces infrastructures.

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Cependant, ces espoirs de rentabilité sont actuellement entravés par les tensions diplomatiques entre les deux pays, poussant Wapco à tenter de jouer le rôle de médiateur. Malgré une initiative en mai ayant permis l’exportation d’une première cargaison de pétrole, une récente réunion à Niamey n’a pas abouti à des résultats tangibles pour l’entreprise chinoise. En conséquence, Wapco se retrouve dans une position délicate, cherchant à jouer le rôle de médiateur entre les deux pays.


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Le Bénin et le Niger dos à dos

Le pipeline, mis en service début mars, devait faciliter l’exportation du pétrole brut extrait du gisement d’Agadem via le port de Sèmè-Kpodji au Bénin. Toutefois, le premier chargement de pétrole n’a eu lieu que le 19 mai, révélant des difficultés persistantes dans les opérations.

Patrice Talon a déclaré que la réouverture de la frontière est essentielle pour les formalités douanières, mais cet argument est contesté par Ali Lamine Zeine. Ce dernier a insisté que la fermeture de la frontière est nécessaire pour des raisons de sécurité. Il a également critiqué le renvoi des inspecteurs nigériens du port de Sèmè-Kpodji par la police béninoise, ce qu’il considère comme une violation des accords bilatéraux et tripartites.

Une réunion de médiation, initiée par la société chinoise Wapco, s’est tenue à Niamey la semaine dernière. Cependant, aucun accord n’a été trouvé, laissant la situation inchangée et les relations entre les deux pays tendues.

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De grands enjeux pour les deux pays

La persistance des tensions entre le Bénin et le Niger pourrait avoir plusieurs répercussions à moyen et long terme. D’une part, la fermeture prolongée de la frontière pourrait affecter non seulement les échanges commerciaux bilatéraux mais aussi la stabilité économique régionale. Les difficultés d’exportation du pétrole nigérien pourraient entraîner des pertes financières importantes pour le Niger et compliquer les relations avec les partenaires commerciaux internationaux, notamment la Chine.

D’autre part, la situation pourrait exacerber les tensions politiques internes dans les deux pays. Au Bénin, la pression sur le gouvernement de Patrice Talon pourrait augmenter s’il n’arrive pas à débloquer la situation, affectant potentiellement sa popularité et sa crédibilité. Au Niger, le maintien de la frontière fermée pour des raisons de sécurité pourrait être perçu comme une mesure draconienne par certaines factions, alimentant des dissensions internes.

Pour trouver une issue, une médiation internationale pourrait s’avérer nécessaire, impliquant des acteurs régionaux comme la CEDEAO ou des partenaires internationaux tels que l’Union européenne ou les Nations unies. Une telle intervention pourrait aider à surmonter l’impasse actuelle et à établir un cadre de coopération plus stable et durable entre les deux nations. Toutefois, l’issue de cette médiation dépendra largement de la volonté des parties à faire des concessions et à privilégier le dialogue constructif sur les intérêts divergents.

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