Les objections des forces d’opposition sur la date du 24 mars retenue pour la tenue de la présidentielle au Sénégal n’ont pas été prises en compte par la Cour suprême. Des requêtes avaient en effet, été introduites par des candidats disqualifiés à la présidentielle, dont Karim Wade, ainsi que par des députés de leur camp. Une éventuelle acceptation de ces demandes par la Cour suprême aurait remis en question le processus électoral.
Mais la Cour a déclaré les requêtes « irrecevables », reprenant les arguments du procureur général, rapporte RFI. Selon la juridiction et le procureur, la fixation de la date du scrutin relève des pouvoirs du président. De plus, le Conseil constitutionnel a une « plénitude de juridiction en matière électorale » et ses décisions ne sont susceptibles d’aucun recours et sont contraignantes pour la Cour suprême. Le Conseil constitutionnel avait validé la date du 24 mars pour la présidentielle après un report très controversé.
Selon le média français qui a par ailleurs, cité de nombreux observateurs de la scène politique sénégalaise, cette décision constitue un revers pour Karim Wade et d’autres candidats recalés qui contestent la date du scrutin. Pour ces opposants, le décret de convocation du corps électoral viole le code électoral, qui prévoit un délai de 80 jours pour convoquer les électeurs. Ils estiment également que le délai pour la campagne est trop court, les candidats n’ayant que 12 jours au lieu de 21. Si l’élection a lieu dans ces conditions, la légitimité du futur président sera contestée, selon les avocats des requérants.
Les opposants à l’origine de la requête voulaient que le processus reprenne à zéro avec un nouvel examen des candidatures. Le chef du PDS, Karim Wade, avait été écarté de la course à la présidence en raison d’un imbroglio autour de sa double nationalité, depuis renoncée, et le parti avait l’espoir de pouvoir faire réévaluer sa candidature depuis que le président sortant Macky Sall avait annoncé un premier report du scrutin présidentiel. Le processus électoral continue donc, avec une semaine de campagne pour les 19 candidats.
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Réactions des concernés
À l’annonce du délibéré, c’était la déception et la colère pour les soutiens de Karim Wade venus assister à l’audience, qui étaient plusieurs dizaines à suivre l’audience. À la sortie, peu après 12h30 locales, certains continuaient à crier « il n’y aura pas d’élection », d’autres parlent d’acharnement contre leur candidat recalé, rapporte notre correspondante à Dakar, Juliette Dubois. « On est venu pour soutenir notre candidat parce que ce n’est pas du tout normal », abonde une militante du parti.
« C’est la déception totale car depuis 12 ans, nous nous battons. En 2019, c’était la même chose, on était là, sur le même lieu. On nous a dit que c’est irrecevable. Et en 2024 encore, c’est la même chose, la même justice, on ne comprend pas. Le parti démocratique sénégalais a tout donné pour le peuple sénégalais », explique Amadou Dramé, membre déçu du PDS. Selon le PDS, leur candidat, recalé par le Conseil constitutionnel à cause de sa double nationalité franco-sénégalaise, est victime d’acharnement. Les responsables du parti n’ont pas répondu à nos sollicitations, ils expliquent être déçus, mais attendent de se réunir pour communiquer.
D’autres candidats recalés demandaient aussi le report, comme Mamadou Diop Decroix. « On est dans le domaine de la politique. Nous, ce qui nous a toujours intéressé et qui continue de nous intéresser, c’est que cette élection puisse avoir lieu dans un contexte de stabilité pour que les Sénégalais puissent choisir le président de la République », estime-t-il.