Salon international CIFTIS en Chine: Patrice Talon vend la destination Bénin à travers cinq réformes

Loan Tamin
Lecture : 11 min

En visite d’Etat en Chine, le président Patrice Talon a pris part à la cérémonie d’ouverture du Salon international du commerce des services de Chine (CIFTIS) 2023 en tant qu’invité de marque. Face à de nombreux opérateurs économiques et autres délégations, venus de partout du monde, le Chef de l’Etat béninois a passé en revue, quelques actions et reformes structurantes engagées par son gouvernement aux fins d’accroître l’attractivité du  Bénin en matière d’investissement.

 

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Beijing, le 02 septembre 2023

  • Excellence Monsieur le Vice-Premier Ministre de la République Populaire de Chine ;
  • Mesdames et Messieurs, distingués invités ;

Permettez-moi, tout d’abord, de remercier le Président Xi Jinping pour m’avoir invité à prendre part à l’édition 2023 de la Foire Internationale du Commerce des Services de Chine (CIFTIS).

C’est également pour moi l’occasion de saluer l’engagement et les efforts sans cesse croissants de la Chine et de ses Hautes Autorités en faveur des pays en développement notamment ceux du continent africain, en adéquation avec l’idée de communauté de destin pour l’humanité, que le Président Xi Jinping promeut de fort belle manière.

Mais au-delà de cet engagement pour le bien-être partagé, je voudrais également ici, reconnaître et saluer le modèle chinois dans sa globalité ; un modèle dont l’efficacité en termes de développement équilibré et durable, en termes de création de richesses et d’élimination de la pauvreté au sein de la communauté chinoise, inspire mon pays le Bénin tel que je l’ai exprimé il y a quelques mois sur une chaîne de télévision française.

Mesdames et Messieurs ;

Depuis plusieurs décennies, nous assistons dans le monde à une forte mutation des conditions de production, d’échange et d’interdépendance dans laquelle la République Populaire de Chine joue un rôle prépondérant, sous le leadership éclairé et efficace de ses autorités politiques.

Il est malheureux de constater que, dans le village planétaire que constitue désormais le monde, l’Afrique reste quasiment absente des chaînes de valeurs qui contribuent au développement de l’humain et permettent un meilleur partage des richesses. L’Afrique reste globalement et essentiellement exportatrice de matières premières brutes agricoles ou minières et ne participe pas suffisamment aux échanges commerciaux mondiaux, notamment en matière de services. Que ce soit dans le passé lointain, dans le passé proche ou dans le présent, les communautés humaines ont toujours été en compétition.

Mais, le monde change et est même devenu un village dans lequel le destin de nous tous est devenu commun. C’est pourquoi, la coopération s’impose désormais à nous tous afin que le village commun soit vivable ensemble.

C’est l’une des raisons pour lesquelles, mon pays s’associe pleinement aux projets stratégiques que la Chine entend promouvoir, sous le leadership du Président Xi Jinping.

Mesdames et Messieurs ;

Cette 10ème édition de la CIFTIS m’offre l’occasion de plaider pour un accroissement tangible de l’investissement productif dans les pays africains afin de leur permettre une meilleure intégration dans les chaînes de valeurs mondiales.

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En effet, c’est une évidence aujourd’hui plus qu’hier que l’aide au développement classique ne suffira pas à elle seule à soutenir le développement économique durable dans les pays en voie de développement. Il faut une nouvelle orientation de l’aide au développement. Il faut remplacer l’aide au développement par l’aide à l’investissement direct étranger. En cela, la Chine peut prendre le lead et montrer la voie aux autres pays développés par le basculement de sa politique de coopération vers la promotion et l’appui à l’investissement chinois en Afrique. Un tel appui par l’Etat chinois à ses investisseurs en Afrique ne manquera pas de pertinence parce que l’Afrique paraît encore peu attrayante aux yeux des investisseurs chinois en raison de la mauvaise perception et de la surévaluation du risque sur le continent.

Or la plupart des pays africains ont aujourd’hui un environnement plus favorable à l’investissement étranger, mais continuent d’être globalement perçus, à tort, comme des pays à haut risque. De ce fait aujourd’hui, les entreprises chinoises publiques et privées investissent massivement dans le monde mais encore très peu en Afrique.

Il est vrai, Mesdames et Messieurs, qu’un certain nombre de vulnérabilités regrettables persistent ici et là sur le continent mais je puis vous assurer que bon nombre de pays comme le Bénin ont engagé une mutation et opèrent des réformes qui leur donnent désormais une attractivité sans pareil.

Au Bénin par exemple, nous avons refusé toute participation au mécanisme d’annulation de la dette des pays en voie de développement suite à la crise économique induite par la pandémie de covid 19. Nous l’avons fait parce que nous avons l’intime conviction qu’il n’y a rien de pire pour un investisseur que de voir le fruit de ses efforts annulés par des décisions politiques.

Nous avons également réformé le marché du travail pour nous assurer que tout investisseur venant dans notre pays ne soit plus tributaire d’une administration inefficace, de corruption, de grèves sauvages et autres freins à la bonne marche des entreprises.

Les réformes réalisées et les investissements en infrastructures consentis ont permis de faire du Port autonome de Cotonou, l’un des ports les plus performants de notre sous-région. Les investissements technologiques en cours avec notre partenaire Huawei permettront de faire du Bénin un hub logistique de classe mondiale. Enfin, comme ce fut le cas ici en Chine, nous avons adopté une loi pour la promotion des zones économiques spéciales et la première Zone Industrielle de Glo-Djigbé complètement opérationnelle, accueille déjà des investisseurs. J’espère repartir de Chine avec quelques investisseurs supplémentaires car l’ambition du Bénin est de devenir un hub industriel de transformation des produits agricoles tels le cajou, le coton, le karité, l’ananas, le soja, etc.

Mesdames et Messieurs ;

La transformation structurelle que nous voulons et qui permettra à mon pays de réduire drastiquement le taux de pauvreté ne sera possible que si les investisseurs disposent de deux éléments supplémentaires que sont le Capital Humain et le Capital Financier.

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En ce qui concerne le Capital Humain, nous investissons massivement dans des programmes de formation technique pour accroitre l’employabilité de nos jeunes. Pour accompagner les investissements directs étrangers, le Gouvernement béninois est disposé à offrir des subventions pouvant aller jusqu’à 50% de la masse salariale locale pendant les premières années. Ce faisant, l’effort de formation réalisé par les investisseurs est partagé et le risque amoindri.

En matière de Capital Financier, nous avons décidé avec le Gouvernement Chinois d’innover encore plus. Ainsi, toute entreprise chinoise désireuse d’investir au Bénin pourra disposer d’un co-investissement public sino-béninois. De façon concrète et en nous appuyant sur le China-Africa Development Fund (CADFUND), nous allons mettre en place un mécanisme de co-investissement qui permettra de sécuriser les investisseurs chinois au Bénin. Si au bout de 5 années, l’investisseur souhaite se retirer du Bénin, la plateforme reprendra l’investissement et son capital lui sera remboursé.

Ce serait un moyen formidable de promouvoir un nouveau paradigme : celui qui incite à l’investissement productif des entreprises chinoises en Afrique. Une Chine qui encourage les Investissements Directs Étrangers (IDE) en Afrique, au Bénin, contribuera davantage à la création massive d’emplois et à la réduction de la pauvreté.

Cette évolution stratégique reflète notre aspiration à une collaboration Chine-Afrique qui non seulement élèvera nos nations, mais participera également à la visibilité de votre solidarité et de votre engagement à bâtir avec nos pays une communauté de destin.

Le volume des échanges commerciaux entre le Bénin et la Chine a atteint en 2022 environ 2 milliards de dollars, avec un accroissement de plus de 30% en glissement annuel. J’ai la conviction que grâce à ce changement de paradigme nous parviendrons à doubler ce chiffre dans les trois prochaines années et à mieux l’équilibrer.

Mesdames et Messieurs

Promouvoir les échanges et les investissements demande également une libre circulation des personnes. Depuis 2016 et la mise en place du e-visa au Bénin nous avons largement simplifié le processus de délivrance de visa. Mais je voudrais aller plus loin en annonçant ici la suppression totale des visas pour les ressortissants chinois qui souhaitent visiter le Bénin et découvrir notre histoire, notre culture, car très souvent les échanges commerciaux sont également le fruit d’une connaissance culturelle mutuelle approfondie.

J’aurais plaisir à revenir faire ici le bilan de toutes ces initiatives lors des prochaines éditions de la CIFTIS car je suis convaincu qu’ici, ensemble nous sommes en train de bâtir le nouveau partenariat entre la Chine et l’Afrique.

Je souhaite plein succès à l’édition 2023 de la CIFTIS et vous remercie de votre aimable attention !

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